"Merde le noir, le silence, l’anesthésie. Il a raison, Pablo Faut arrêter de pas vivre. Faut arrêter de pas pleurer. Faut arrêter la rétention des larmes, ça va me donner de la cellulite sur le visage, à force. Faut que t’arrête d’avoir peur d’être vivante, il m’a dit l’autre jour, à l’aéroport. Chaque fois que tu mets la radio à fond dans la salle de bains, je sais que tu vas pisser. Faut arrêter, Belle du Seigneur. Faut arrêter l’amour sublime, les amants beaux et nobles et parfaits. Le matin, on est chiffonné, on a mauvaise haleine, c’est comme ça, faut accepter, c’est ça aussi la vie. La vie c’est qu’un jour  je quitterais Pablo, ou Pablo me quittera. Je lui préférerai quelqu’un ou il en aura marre de moi, et ce sera triste mais ce ne sera pas tragique.  Je ne l’aime pas comme j’aimais Adrien. Je ne l’aime plus comme aiment les enfants. La vie est un brouillon, finalement. Chaque histoire est le brouillon de la prochaine, on rature, on rature, et quand c’est à peu près propre et sans coquilles, c’est fini, on a plus qu’à partir, c’est pour ça que la vie est longue. Rien de grave. "


Justine Lévy.