Lettre 143
Camille à William
Je crois que je n'ai jamais été autant en amour de toi qu'aujourd'hui. Ou alors si, peut être, il y a fort longtemps. Nous avions improvisé un mariage au clair de lune, dans un champ. Te souviens-tu ? Les parents étaient loin. Nous avions beaucoup ri. [...] Et puis je t'ai vu toi. Je t'ai trouvé très beau. Tu avais de grandes dents et tu voulais embrasser Anastasia. Alors j'ai su que j'étais amoureuse. Je t'ai attendu un an. Un an à te croiser dans les couloirs et à te dire bonjour. Un an de sourires, juste parce que le dernier soir nous avions plus ri que d'habitude, et que dans le train de nuit qui nous ramenait à Paris, allongés sur nos couchettes, nous nous étions fixés jusqu'à ce que nos yeux se ferment. Je m'étais juré alors que Anastasia ou pas, je finirais bien par t'avoir. Et puis Julien est arrivé et tout s'est enchainé très vite. Tu m'as aimée plus que je n'aurais pu l'espérer. Tu m'as déçue. Toi l'intouchable, celui qui m'ignorait poliment, soudain tu as voulu m'écrire des poèmes, tu m'as suppliée à genoux, tu es tombé, amoureux. William, aujourd'hui je vais te quitter : Sache que si tu souffres, mon mépris sera ta seule récompense. Très cher lapin aux yeux bleus, on ne désire que ce qu'on n'a pas. J'ai eu trop de toi. On va y mettre un terme. A Dieu.
De Paris, ce 12 avril ****
Lettre 151
William à Camille
A Paris
De Londres, ce 6 mai ****